• Le tour du doigt

    Roman de Jean Anglade

     

    Extrait du chapitre "l'affaire du hanneton", page 109 :

     

       Et dire que certaines mères se rongent le foie et le coeur d'angoisse... Deux (du village) sont encore tombés, dont le père d'une fillette. Elle a manqué trois jours, puis elle est revenue; déjà vêtue de deuil, comme toutes, elle porte à présent des rubans noirs au bout de ses tresses...

     

    C'est un instituteur qui parle. Il est revenu du "chemin des dames". Il est amputé de la jambe gauche. Se tient bien droit devant ses élèves. C'est un "hussard de la république. Il boit un peu et même beaucoup pour tenir le coup. Il est amer et on le comprend.

     

    Il cite Maurice Barres, qui en chapeau melon et bottes de cuir est allé rendre visite aux soldats :

     

    "Qu'ils sont beaux nos défenseurs, dans nos carrières, derrière leurs talus, leurs fils de fer barbelés, creusant leurs redoutes dans la glaise, couverts de boue, embrassant la terre natale..."

     

    C'était, disait-on "la der des der"...

     

    C'est l'histoire d'un poilu mutilé, amputé de la jambe gauche qui devient instit et exerce toute sa vie dans un petit village auvergnat. Des générations de potaches passent, obtiennent leur certificat de fin d'études primaires. L'instituteur marche en tête des premières revendications "à cause de sa patte folle". Il vit des haut, des bas, manque de sombrer dans l'alcoolisme (comme beaucoup il y avait pris goût au fond des trous du chemin des dames),   se marie avec une veuve de guerre, une "négresse". Ils vieillissent ensemble ....

       "Des hommes nous n'avons plus rien à espérer. Du ciel, nous attendons seulement un départ en douceur quand nous en aurons terminé avec notre tour du doigt..."

    «

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment



    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :